Chapeau Marcel !
Pour me reposer de l’agitation ambiante que la fin de l’année rehausse encore d’un cran, j’ai décidé de lire du Marcel Proust. Beaucoup se diront in petto que « plus ringard, on ne fait pas », mais j’ai un tel plaisir à m’y plonger…
On n’écrit plus comme ça, c’est certain : des phrases longues à n’en plus finir…mais correctement ponctuées, et finies finalement ; des pages et des pages suspendues au-dessus d’un détail pour s’y mouvoir jusqu’à l’infiniment petit dont il est le signal ; d’autres encore, denses, sans concession, pour tenter de saisir les nuances de contradiction mouvante qui sourt en chaque mouvement de l’affectivité ; le tout émaillé de références savantes sans être pédantes, précises sans être déterminantes ; une absence totale d’intrigue, de suspens, d’action, aucune concession démagogique en direction du lecteur dont il semble que l’auteur ne se préoccupe pas, tout concentré qu’il est à explorer son monde (le monde ?) à l’exacte articulation où l’âme en saisit le relief et le colore de son désir.
C’est comme si la littérature honorait de tout son art le travail exigeant de la conemplation. C’est pourquoi je rappoche Proust des mystiques. Thérèse d’Avila avait bien perçu que la contemplation de la moindre fourmi pouvait donner à goûter l’infini du monde et la grandeur de son Créateur. Mais malgré son talent elle n’a pas pris le temps de développer l’intuition. Proust le fait, bien que Dieu ne soit pas nommé. Je pense aussi à Christian Bobin qui dit aujourd’hui la même chose en sa désarmante et désaltérante poésie. Moins descriptif que Proust, c’est évident, plus performatif et du coup « ramassé ». Mais fulgurant.
En lisant de telles oeuvres, on se sent ré-enracinés, à la verticale. Remis au monde.
On n’écrit plus comme ça, c’est certain : des phrases longues à n’en plus finir…mais correctement ponctuées, et finies finalement ; des pages et des pages suspendues au-dessus d’un détail pour s’y mouvoir jusqu’à l’infiniment petit dont il est le signal ; d’autres encore, denses, sans concession, pour tenter de saisir les nuances de contradiction mouvante qui sourt en chaque mouvement de l’affectivité ; le tout émaillé de références savantes sans être pédantes, précises sans être déterminantes ; une absence totale d’intrigue, de suspens, d’action, aucune concession démagogique en direction du lecteur dont il semble que l’auteur ne se préoccupe pas, tout concentré qu’il est à explorer son monde (le monde ?) à l’exacte articulation où l’âme en saisit le relief et le colore de son désir.
C’est comme si la littérature honorait de tout son art le travail exigeant de la conemplation. C’est pourquoi je rappoche Proust des mystiques. Thérèse d’Avila avait bien perçu que la contemplation de la moindre fourmi pouvait donner à goûter l’infini du monde et la grandeur de son Créateur. Mais malgré son talent elle n’a pas pris le temps de développer l’intuition. Proust le fait, bien que Dieu ne soit pas nommé. Je pense aussi à Christian Bobin qui dit aujourd’hui la même chose en sa désarmante et désaltérante poésie. Moins descriptif que Proust, c’est évident, plus performatif et du coup « ramassé ». Mais fulgurant.
En lisant de telles oeuvres, on se sent ré-enracinés, à la verticale. Remis au monde.
Marie-Christine Bernard
décembre 2012
décembre 2012