La grâce arrive parfois par bouffées. Elle se reconnaît à la trace qu’elle laisse : un sentiment de paix, de joie, d’immense gratitude devant la gracieuse gratuité de la vie. Gratuité, gracieux, gratuité : oui, tous ces mots sont de la même famille que « grâce » et on l’entend encore dans l’expression latine « Deo gracias » (« Merci, Dieu ») C’est sans doute une chance de savoir où orienter cette bouffée de joie reconnaissante : à l’Auteur de tout l’univers, vous et moi compris ! Tout cela me revient ce matin béni : imaginez… Il est 6h00. Je viens de sortir la tête de la tente que j’ai plantée dans un coin de nature au milieu de nulle part dans une symphonie de verdure, de ruisseaux, de bois, de prairies… Les oiseaux, les insectes, la bise dans les herbes, la rosée abondante, tout cela m’a précédée pour rendre grâce, dire « Merci, Dieu ! ». C’est une activité à temps complet pour la nature, quoi qu’il arrive, et tous les jours. Les oiseaux et les insectes y vont de bon cœur. Une telle application, une telle générosité, une telle constance, juste pour crier qu’ils sont bien vivants, et, somme toute, heureux d’être là…. Comme s’il n’y avait rien de plus urgent, de plus important, de plus sensé, que de chanter de vivre. Louange totale.  Et nous, les humains, nous sommes accompagnés par ce grand courant de joie qui ruisselle par tout l’univers. Il nous suffit de laisser nous gagner par lui. Nous sommes attendus dans la grande jubilation de l’existence. De notre liberté, offrirons-nous un « oui » à la vie, à la joie de vivre ?

Marie-Christine Bernard
Juin 2012