Dérapages

Être «détenteur de la violence légitime »  n’équivaut pas à avoir le droit de violenter tout citoyen, pour quelque motif que ce soit ! La  violence  n’est « légitime »  (c’est-à-dire bonne, fondée) que lorsque tous les autres moyens pour éviter une violence plus grande encore ont échoué. Son emploi est effectivement confié aux seules forces de l’ordre. Il exige du discernement, de la proportion, et n’advenir qu’en dernier recours. Il lui faut de la  retenue, du sang-froid, le sens du service de la paix, la mise à distance des rancœurs personnelles et des comptes à régler d’un autre ordre. Qui sont les formateurs de ces professionnels si peu professionnels ? Qui sont les évaluateurs ayant donné le feu vert à leur accréditation ? La véritable autorité, même avec sa dose de nécessaire fermeté, n’a rien à voir avec un type de relation en mode dominant/dominé. Le respect de la loi ne s’obtient pas par l’humiliation. A la base des  fautes, dérapages et bavures dans la police, c’est bien une question de philosophie qui est en jeu. Les formateurs en ont-ils conscience ?

Marie-Christine Bernard – décembre 2020