Une grande dame
Madame Veil fut une grande dame. Et pour tant de raisons…
Elle avait compris, au moment même où elle subissait l’enfer d’Auschwitz, que la réconciliation entre la France et l’Allemagne serait le meilleur gage de cette paix qui garantirait enfin un avenir désirable. Toute sa vie, elle s’est engagée pour elle.
Elle a tracé sa route de femme pas à pas au milieu d’un monde politique masculin, bien plus machiste encore qu’aujourd’hui.
Dans ses combats, elle a su incarner une dignité qui nous honore tous, parce qu’elle manifestait une haute idée de ce qu’est être humain quand on ne transige pas sur certaines valeurs.
Elle a été magnifique dans son combat pour dépénaliser l’avortement. Elle l’a fait avec intelligence, humanité, nuances. Consciente qu’il s’agissait de préférer un moindre mal face à la situation désastreuse de ces femmes livrées aux charlatans et aux profiteurs après avoir subi l’irresponsabilité de tant d’hommes, maris, souvent volages, fiancés, souvent lâches, violeurs, souvent impunis…
Elle a eu sur cet enjeu le courage de la compassion, la sagesse de préférer l’imperfection d’un cadre légal, au déni mensonger devant une réalité déjà meurtrière, l’intelligence raisonnable contrant un obscurantisme qui n’épargnait pas certains cathos.
Récupérée aujourd’hui par des courants idéologiques dont elle n’était pas, il serait dommage qu’on en oublie sa rectitude morale et l’intelligence qui sous-tendait ses combats.
Car Madame Veil fut une grande dame.
Merci à elle !
Marie-Christine Bernard
Juillet 2017