SOS Cadeaux en danger !
Cadeaux formels, cadeaux empoisonnés, cadeaux à message crypté sous-jacent et pas sympa, cadeaux contraints… Les cadeaux ne sont certes pas toujours des cadeaux. Mais que les catégories ici énumérées ne nous égarent pas : elles ne sont que des caricatures de cadeaux. Un cadeau se reconnaît au fait que le donateur désire faire un don bienveillant à l’autre : il est attentionné, présent d’une bonne intention, d’un désir sincère de faire plaisir, avec les moyens financiers, et surtout culturels, que l’on a. Faire un cadeau, c’est toujours exprimer plus que l’objet donné. Celui-ci peut même être tout symbolique comme un poème. Il peut être maladroit, d’un goût si différent du sien propre, décalé, ou faire double emploi dans la panoplie des objets qui saturent notre espace de vie. Il reste lourd de l’intention du donateur, du désir de lien, de la qualité de relation, qu’il espère vivre avec le destinataire. « Objets inanimés, avez-vous donc une âme ? » L’âme que l’on reconnaît en ceux qui nous les offrent, ceux auxquels ils renvoient, oui. C’est pourquoi l’habitude prise de renvoyer, redonner, voire de revendre sans attendre les cadeaux reçus à l’occasion de Noël, parfois sans même les avoir ouverts, me choque et me peine. Je ne peux m’empêcher d’y voir une ingratitude, un mépris du lien humain. Je note au passage que ce sont les grands-parents, et singulièrement les « belles-mères » qui s’en prennent plein la tête à cette occasion (voir publicités, humoristes, allusions lourdes de chroniqueurs radio etc) . Alors que souvent, ce sont eux qui prennent le plus de soin et de souci, à choisir comme ils le peuvent ce qui, ils l’espèrent, fera plaisir à ceux qu’ils aiment et dont ils espèrent l’affection. Alors quoi ? Il n’y aurait plus que des dons d’argent qui feraient plaisir ? En fonction du montant ? Amour tarifé ? C’est coté en Bourse ?
1er Janvier 2011
Marie-Christine Bernard