Religion et République
Lutter contre l’invasion de l’obscurantisme à caractère religieux est un devoir de la République. La religion instituée avec ses croyances collectives, ses dogmes, son organisation institutionnelle, son rapport social au temps, à l’espace, aux objets, ses démêlées internes avec la raison commune, bref, « la religion » quelle que soit sa tradition, est une chose. La foi est d’un autre ordre.
Que la religion, telle qu’ici définie, soit circonscrite à la vie privée des citoyens, libres de s’inscrire ou non dans une de ses organisations, qui s’en plaindra ? A part les nostalgiques d’une théocratie lointaine, ou aspirant à une nouvelle théocratie comme si, là où elle règne déjà, elle n’opérait pas assez de ravages, aujourd’hui, sous nos yeux ? A part aussi les décervelés dont la culture historique est proche du néant, qui ne voient pas le piège de laisser n’importe quelle revendication prendre corps social officiel dans nos institutions, au prétexte qu’elles se réclament d’un droit divin.
La démarche spirituelle, la démarche de foi, qui est le véritable enjeu, relève du cœur de chaque personne inscrite ou non dans une de ces confessions, croyante en un dieu ou non. Bien entendu que c’est affaire privée !
Et qui empêchera que les fruits d’une telle démarche spirituelle, faite d’intelligence, de sagesse, d’intériorité, de liberté, de raison prospèrent dans la vie sociale ? Les fruits en sont, au minimum, la paix, la fraternité, le partage, le souci de tous. Bref, la bienveillante amitié et l’amour de la vie. Contre cela, aucune loi.
Quant aux religions établies…si elles ne servent pas à produire ces fruits-là, il est en effet préférable de s’en passer.
Marie-Christine Bernard
Janvier 2014