Gonflant !
La France de l’égalité, championne des inégalités. Délai de carence d’arrêt maladie pour les uns, pas pour les autres ; que certaines entreprises du privé ont les moyens de prendre en charge, pas les autres, majoritaires ; certains agriculteurs vivent de subvention à 75%, d’autres de minima en trimant 15 heures par jour ; l’électricien débutant sur un tournage de film, s’ouvre des droits au chômage en quelques semaines, et pour un temps très correct, assimilé qu’il est aux « artistes », quand d’autres…
Dans les débats, le mot « principe » revient en boucle.
« Par principe », on ne touche pas aux allocations familiales. Mais des familles à hauts revenus verraient à peine la différence si elles ne les touchaient plus, pendant que les autres peinent à joindre les deux bouts en les touchant plein pot.
« Par principe », on ne devrait pas revenir sur des droits acquis. Mais acquis à quels frais ? C’est exactement la posture de la noblesse sous l’Ancien Régime : les nouveaux arrivés bénéficient d’emblée de ce que les lointains aïeux ont acquis de haute lutte. De quel droit ?
« Par principe », il faudrait accueillir, loger, chauffer, nourrir, soigner, tous les pauvres qui débarquent des quatre coins du monde. Mais qui les prendra en charge ?
Il fallait y penser avant aux principes et refuser par exemple de laisser l’Europe désorganiser les frontières sans accorder les politiques sociales et fiscales ! Aujourd’hui, hélas, le dumping social joue à plein, l’exil fiscal devient un art de vivre, et notre économie est à bout de souffle.
Alors on fait quoi ? On écrit « principe » sur une banderole et on se l’agite sous le nez pour faire croire au grand soir ?
Marie-Christine Bernard
Mars 2013