Communion
Toutes ces femmes qui se sont levées. Qui ont tenu bon durant des jours, des semaines, des mois durant, dans les rues, devant les bâtiments administratifs, dans les médias, dans l’anonymat. Elles ont cousu des banderoles, organisé des sièges, scandés des slogans de liberté, de justice, de fraternité. Elles y ont cru. Fières de leurs pays, pleines d’espérance, rayonnantes d’avenir à portée de main, de cœur, d’intelligence. Oh ! Les signes ne manquaient pas de ces nuages noirs stagnant au-dessus des révolution arabes : le printemps arabe, cet amalgame paresseux dans les journalistes ont le secret, le printemps restait plus frais que nécessaire. Il est devenu pluvieux, jetant les peuples dans l’automne précurseur de l’hiver, sans que l’été ait eu sa chance. J’entends ici ou là que la charia ne s’applique pas avec la même rigueur partout dans les pays arabes, que les peuples ne sont pas dupes, qu’ils sauront faire évoluer leur législation dans le sens d’une plus grande liberté. J’entends les nuances, j’entends les chantres de l’optimisme . Mais une théocratie est une théocratie, pas une démocratie. La liberté, la vraie liberté, la liberté de conscience, celle d’être soi et de ne pas avoir à s’en justifier, cette liberté-là est bafouée partout où la charia s’impose, même la plus légère. Les femmes en sont les premières victimes, parfois consentantes, faute de mieux. Les minorités, les chrétiens en particulier, en sont les autres. On assiste, impuissants, au passage en Afrique du Nord, d’une forme de dictature contestée à une autre, admise par une majorité. Mon coup de cœur va donc vers ces femmes, et tous les hommes, musulmans ou pas, qui continueront avec elles de se battre pour être humains, vraiment humains, pleinement humains. Et si les défenseurs habituels des « Droits de l’homme » continuent de nous assourdir de leur silence, puisse Dieu, l’Unique, le Miséricordieux, accorder sa grâce et sa bénédiction à ceux qui le glorifient par leur combat pour la liberté d’être, de penser et de croire. La liberté d’aimer.
Marie-Christine Bernard
novembre 2011