Etre femme, c’est être embarqué dans l’aventure commune : avoir à naître à soi-même, dans la plénitude de toute sa personne. Un disciple du Christ comprend que c’est là naître à sa vocation de fille (fils) de Dieu, dans la singularité de son identité, voulue unique par le Créateur. Aventure rude par moments, car il s’agit de traverser les douleurs de l’accouchement de soi-même, mais belle, portée par la joie d’être au monde, d’y être désirée et être aimée de Dieu de toujours à toujours. Les épreuves traversées débouchent ainsi sur une joie que personne ne peut ravir. Il n’est même pas nécessaire de savoir nommer Dieu pour s’y trouver.
En revanche, il est courant d’en appeler abusivement à Dieu pour faire de cette aventure une mésaventure. Les femmes en savent quelque chose ! Ainsi, dans l’Eglise catholique, rien ne bouge
Article paru dans la revue Générations Femme n° 61 de janvier/février 2013
Etre femme : aventure ? mésaventure ?
Etre femme, c’est être embarqué dans l’aventure commune : avoir à naître à soi-même, dans la plénitude de toute sa personne. Un disciple du Christ comprend que c’est là naître à sa vocation de fille (fils) de Dieu, dans la singularité de son identité, voulue unique par le Créateur. Aventure rude par moments, car il s’agit de traverser les douleurs de l’accouchement de soi-même, mais belle, portée par la joie d’être au monde, d’y être désirée et être aimée de Dieu de toujours à toujours. Les épreuves traversées débouchent ainsi sur une joie que personne ne peut ravir. Il n’est même pas nécessaire de savoir nommer Dieu pour s’y trouver.
En revanche, il est courant d’en appeler abusivement à Dieu pour faire de cette aventure une mésaventure. Les femmes en savent quelque chose ! Ainsi, dans l’Eglise catholique, rien ne bouge dans les têtes « ecclésiastiquement correctes » : les femmes restent perçues « de travers ». Que renferment les discours, et que peut-on en dire en quelques mots ? :
– « Dieu a créé l’homme et la femme à son image. Ils sont égaux en dignité ». Jusque-là, ça va. On pouvait espérer qu’on laisse vivre les un(e)s et les autres dans la liberté des enfants de Dieu. Fatale illusion…car :
– « « La » femme existe (puis qu’on en parle) ». Non, il existe des femmes. Et pourquoi en faire des tonnes sur sa supposée spécificité, alors qu’on laisse les mecs vivre leur vie sans plus chercher à les définir ?
– « l’homme et la femme sont différents ». Oui, de visu, on l’a tous remarqué ! Mais les femmes entre elles aussi, sont différentes, et les mecs itou. A l’instar de leurs compagnons, leur équipement physiologique propre quant à la procréation ne diminue ni n’augmente leur humanité.
– « Il faut respecter les différences (naturelles), sinon on risque la confusion ». Soyons clairs : soit elles sont naturelles et elles ne risquent donc pas de disparaître sous le coup de quelque décret ; soit ce qui semble disparaître ne relève pas de cette fameuse nature différente …et serait donc pure violence. C’est pourquoi il est bon que ça change, justement !
– « La vocation de la femme est d’être vierge, épouse et mère » (sic). Si l’on veut être logique, au nom de l’égale dignité homme/femme, il faudrait donc tenir que la vocation de l’homme (mec) est d’être « vierge, époux et père ». Le magistère se garde bien de le formuler ! Il faut dire que le caractère restrictif de cette « définition de vocation » saute aux yeux si peu que l’on s’imagine en être destinataire.
– « Une femme est vraiment faite pour donner la vie ». On sait depuis peu, mais de façon ferme, que le rôle de monsieur dans la procréation est tout aussi spécifique et nécessaire que celui de madame (soupir).
– « Il ne faut pas mélanger les rôles au non des différences naturelles ». Mais les rôles – à part dans la procréation et au seul plan biologique – ne sont JAMAIS naturels mais TOUJOURS produits des conventions sociales (et ecclésiales), et donc évolutifs ! L’humain est ainsi fait.
– « Les hommes et les femmes sont complémentaires ». Non ! Ils ne sont pas comme des legos bien carrés, prédéfinis, fixes, ajustés. La relation humaine est dialectique (l’un-e donne consistance à l’autre et réciproquement). Elle est donc vivante et surprenante, chemin d’humanisation toujours à reprendre, qui regorge des ressources de vie que Dieu a mis dans chaque être.
Dieu merci (je pèse mes mots), nous sommes disciples du Christ, dans son Eglise, « prêtres, prophètes et reines »…avec les mecs. Faire passer cela dans TOUT l’organigramme catholique…voilà qui serait un grand pas d’évangélisation. Et pour le coup, elle serait vraiment nouvelle !
Marie-Christine Bernard
Théologienne- Spécialisée en anthropologie
Marie-Christine Bernard
Février 2016
Marie-Christine Bernard